Le Roundup, l’herbicide le plus largement utilisé dans le monde, fait l’objet de poursuites judiciaires de la part de dizaines de milliers de plaignants dans des actions en justice. Il est accusé d’être cancérigène… Alors, quelles sont vos alternatives ?
Remplaçons le Roundup et d’autres produits nocifs pour l’environnement par des méthodes plus saines. Surtout parce qu’il existe de nombreuses autres solutions.
LES MAUVAISES HERBES SONT-ELLES VRAIMENT MAUVAISES ?
Qualifier les plantes non désirées de « mauvaises herbes » est certainement un abus de langage, mais cela a au moins le mérite d’être évocateur pour beaucoup d’entre nous. De plus, même si je considère qu’aucune mauvaise herbe n’est mauvaise, que les puristes ne me blâment pas d’utiliser parfois ce terme. Mais en fin de compte, pourquoi ces mauvaises herbes finissent-elles presque toujours par l’emporter sur celles que nous souhaitons voir prospérer ?
Simplement parce que nous prêtons souvent trop peu attention aux conditions de l’environnement dans lequel nous plantons nos plantes bien-aimées. Cependant, les plantes cultivées, qu’elles soient ornementales ou horticoles, sont souvent beaucoup plus exigeantes que les plantes sauvages. Elles poussent donc plus lentement que leurs compagnes sauvages, qui sont parfaitement adaptées à ces conditions. Peut-on alors dire qu’elles sont mauvaises ? Surtout quand nous connaissons l’utilité écologique qu’elles peuvent avoir… Car avec elles, tout un ensemble d’espèces peut trouver sa place dans votre jardin, et ainsi, tout un écosystème peut être restauré. Par exemple, les pollinisateurs sont beaucoup plus attirés par et mieux nourris par les fleurs sauvages que par la plupart des fleurs cultivées. Et l’impact sur vos cultures peut être très rapide : des arbres fruitiers mieux pollinisés, des pesticides mieux régulés, …
La première étape consiste donc à se poser la question suivante : les mauvaises herbes sauvages doivent-elles être éradiquées de l’ensemble de mon terrain au détriment d’un travail pénible, ou accepté-je enfin que, sans effort de ma part, elles occupent une place plus ou moins importante en échange des services qu’elles peuvent me rendre ?
Cependant, je suis d’accord pour dire que dans certains endroits, nous ne voulons pas les voir arriver en grande quantité. Sur une terrasse ou dans le potager, cela peut être vraiment ennuyeux.
DÉSHERBAGE DANS LE POTAGER
Cela fait longtemps que le désherbage du potager a disparu pour moi, et j’avoue avoir du mal à imaginer que certains continuent de se battre sans relâche. Ma technique est très simple et repose sur deux méthodes : couvrir le sol en permanence et le faux semis.
Jouons avec la concurrence
La lumière est le facteur limitant la croissance des plantes le plus facilement contrôlable pour limiter la prolifération des mauvaises herbes, et c’est ainsi qu’elles l’emportent souvent sur nos légumes. Avez-vous déjà observé des mauvaises herbes sous des choux bien développés ? Non, il n’y en a pas. Et vice versa, avez-vous déjà essayé de planter des choux dans un océan de mauvaises herbes hautes ? Il est très probable qu’ils finissent par être étouffés. Dans les deux cas, c’est le manque de lumière qui empêche l’un ou l’autre de pousser.
Une fois que nous avons compris cela, il est très simple de contrôler les mauvaises herbes dans le potager. Lorsque nos plantes potagères sont jeunes, petites et ont besoin de beaucoup de lumière, il suffit de priver la concurrence de cette ressource précieuse en la recouvrant d’une épaisse couche de paillis. Une fois que les légumes sont bien développés, les mauvaises herbes ne sont souvent plus un problème.
Si nous n’avons pas assez de paillis, une autre méthode tout aussi efficace consiste à semer des plantes de la catégorie des engrais verts. Elles pousseront beaucoup plus vite que les mauvaises herbes et les priveront une fois de plus d’accès à la lumière. Ensuite, il suffit de tondre les engrais verts pour s’en débarrasser.
La combinaison de paillis et d’engrais verts est très efficace pour les légumes transplantés, mais beaucoup plus difficile à mettre en œuvre dans le cas de ceux semés sur place, car ils ont besoin d’une surface dégagée pour germer correctement. Cela est particulièrement vrai pour les graines qui mettent longtemps à germer, comme les carottes.
Dans ce cas, j’utilise la technique du faux semis pour tromper les mauvaises herbes. Le faux semis consiste à préparer le sol comme si nous allions semer, mais sans semer quoi que ce soit, et ce 15 jours ou 3 semaines avant le semis réel. Je miette la surface, je la nivele, je l’arrose et je m’arrête là. Les conditions seront alors favorables à la germination des mauvaises herbes, qui pousseront joyeusement. Peu de temps avant le semis, je passe avec une houe pour couper les jeunes plantules qui viennent de germer (à ce stade, elles ne repousseront pas) et voilà, mes légumes vont concurrencer beaucoup moins !
Très efficace, cette technique est bien connue des jardiniers depuis des siècles. Je l’ai retrouvée régulièrement mentionnée dans un traité des horticulteurs parisiens du XVIIIe siècle.
DÉSHERBAGE DE VOTRE TERRASSE
Je suis d’accord, recouvrir de paillis ou faire un faux semis sur une terrasse n’est pas facile. Cependant, il n’est pas nécessaire de recourir au Roundup. En ce qui concerne les innovations dans le domaine du désherbage, j’ai essayé un désherbeur électrique.
J’étais un peu sceptique au début, mais à la fin je trouve ça génial.
Après un bref préchauffage de l’appareil, vous passez de plante en pl
ante en maintenant environ 3 secondes et c’est tout. Sous l’effet de la chaleur (environ 600°C, il n’est pas recommandé d’essayer avec la main…) les cellules des plantes éclatent provoquant la mort de la végétation. Un seul passage suffit pour éliminer les annuelles et les vivaces sans organes de réserve.
Pour les plantes plus résistantes, plusieurs passages sont nécessaires. Mais de toute façon, je trouve ça bien mieux que les désherbeurs thermiques à gaz, qui au final ne sont pas beaucoup plus écologiques que les produits chimiques ! Et en plus, c’est efficace ! Cependant, la surface réduite couverte par l’appareil et le temps nécessaire pour passer sur chaque plante limitent son utilisation aux terrasses et aux chemins où il n’est pas toujours facile de désherber à la main.
En résumé, pour ceux qui recherchent plus d’informations sur la manière de gérer les mauvaises herbes, je recommande vivement le livre « Allées, pelouses, potager, massifs fleuris… » de Denis Pépin, publié par Terre Vivante. On y apprend à regarder différemment les plantes sauvages et on y trouve de nombreux conseils pratiques pour ne plus se laisser envahir. Les techniques présentées, que j’utilise comme celles mentionnées ci-dessus, mais aussi beaucoup d’autres tout aussi efficaces, détaillées et richement illustrées. J’apprécie particulièrement que les techniques soient présentées en fonction de la zone du jardin dans laquelle on souhaite intervenir (pelouse, allées, jardin d’ornement, potager, …) et aussi les appréciations de l’auteur sur l’efficacité des techniques présentées. Entre autres choses, on apprend que pour être complètement efficace, le traitement à l’eau bouillante doit être répété jusqu’à 5 fois par an.
